Bioconstruction d’une école à Saint-Louis, Sénégal

La Fondation setec renouvelle son partenariat avec l’association SEED dans le cadre du nouveau projet « Daram Alaam Gi » qui vise la bioconstruction d’une école dans la ville de Saint-Louis au Sénégal.

Le contexte

 

Le département de Saint-Louis, au nord du Sénégal, est peuplé de 226 000 habitants. Constitué de biotopes lagunaires et mangroviens, il est particulièrement exposé à la surexploitation des ressources naturelles et à l’érosion côtière.

En effet, due à la forte concentration démographique sur des zones tendues (Langue de Barbarie, Île de Sor) et à l’importance de la pêche dans l’économie locale, couplées avec l’inflation actuelle des matières premières, la pression sur les ressources est renforcée. Dans ce contexte, la dégradation importante du bâti ainsi que la mauvaise qualité des réseaux essentiels universels (soin, éducation…) aggravent la précarité dans laquelle se trouve la population locale.

C’est pourquoi la municipalité de Saint-Louis s’est engagée, depuis plusieurs années, dans des programmes d’aménagement durables, concentrés sur la rénovation, la performance énergétique et l’amélioration du service public. L’emphase de ces programmes est portée sur la protection de l’environnement et ses ressources et la réhabilitation des réseaux et infrastructures publiques.

Dans le contexte de cette approche globale de la Ville de Saint-Louis, un projet est né avec pour objectif de servir de prototype à la bioconstruction pour l’aménagement durable de la commune. Il consiste en la réalisation d’un prototype de rénovation et bioconstruction pour des bâtiments publics, dans ce cas-ci une école des quartiers de pêcheurs.

 

Localisation des écoles à rénover ©SEED

Cette école a été choisie comme prototype pour la rénovation due à l’urgence de la reprise de leurs services. En effet, l’école de Gox Mbacc est profondément délabrée et a dû fermer deux de ses salles de classe,.

Le projet

 

Le projet porté par l’association SEED, en partenariat avec le GIE Suxali Alaam, la Ville de Saint-Louis, la Ville de Lille et l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille, vise quatre objectifs spécifiques :

  • Proposer des solutions constructives biosourcées sur des bâtiments publics et dans un contexte complexe, pour permettre une expérimentation sur la résistance des matériaux locaux, et faciliter l’adaptation et la transposition de ces solutions à l’ensemble des territoires saint-louisien
  • Soutenir le transfert de bonnes pratiques et la transmission de savoirs pairs-à-pairs dans le développement de modèles constructifs locaux, et accompagner la formation et la professionnalisation des jeunes, et notamment des jeunes femmes, à ces solutions alternatives
  • Soutenir la résilience des communautés locales et limiter la pression sur l’environnement en appuyant la création d’une culture commune autour des modèles constructifs biosourcés, de la gestion et de la protection des ressources par la sensibilisation des habitants et l’expérimentation avec les communautés locales
  • Favoriser l’engagement individuel, collectif et public dans des pratiques alternatives en accompagnant la création d’un outil d’aide à la décision sur le choix des matériaux locaux pour la construction à l’échelle départementale

 

Ecole Saer Seye ©SEED

Ce bâtiment prototype est donc construit comme réponses immédiates aux besoins locaux (réouverture des salles de classe), incubateurs d’expérimentations pour accompagner la transition urbaine de la Ville de Saint-Louis, et nouvel objet de démonstration pour sensibiliser les communautés locales à de nouveaux systèmes de construction pérennes et de qualité.

 

Le projet est prévu en plusieurs étapes :

 

1 – Une étape de préparation et de conception

 

  • Identification et recensement des ressources locales
  • Co-conception du prototype et orientation stratégique
  • Conception des plans par les étudiants de l’ENSALP, accompagnés de l’architecte maître d’œuvre engagé par SEED

2 – Une étape de construction

 

  • Cette étape permet la démonstration de différentes techniques constructives avec un rôle pédagogique
  • Sous la forme de chantier-école, la construction de l’école permet la formation d’une main d’œuvre locale en construction durable
  • Plusieurs groupes sont visés pour bénéficier de cette formation : les professionnels de construction classique, ainsi que les jeunes et les femmes

3 – Une étape de capitalisation des pratiques

 

  • Un travail de compilation des modules de formation et des savoirs acquis sera mené, afin de réaliser un document opérationnel de formation professionnalisante et d’auto-formation et d’initier des échanges pairs-à-pairs interdisciplinaires
  • La tenue d’ateliers pédagogiques organisés tout au long du projet, visant un large panel d’acteurs locaux (équipes éducatives, parents et enfants, services municipaux, représentants de la société civile)
  • Des ateliers « architecture bioclimatique »
  • Des ateliers « environnement et protection »
  • Des ateliers d’initiation aux enjeux environnementaux et écologiques
  • Des ateliers de sensibilisation à la construction locale

 

Ecole Gox Mbacc ©SEED

 

La mise en place et le suivi de ce projet sera réalisé par Adramé Ndiyae, collaborateur setec Afrique impliqué dans le travail de la Fondation. Depuis la campagne thématique 2021, Adramé a grandement participé au bon déroulement du suivi des projets au Sénégal en réalisant des visites de terrain, des rapports, et des rencontres avec les porteurs de projet. Son investissement continue avec la mise en place de ce nouveau projet à Saint-Louis, et la Fondation lui en est grandement reconnaissante.

 

Un article sur le sujet à retrouver ici